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mercredi 27 mai 2020

Il y a trois ans, en pleine campagne des législatives, nous entamions une action visant à obtenir plus de transparence sur les frais de mandat des parlementaires. Après avoir bataillé auprès des différentes juridictions françaises pendant plus de deux ans, sans jamais trouver l’écho favorable souhaité, le temps est venu de porter nos arguments devant la Cour européenne des Droits de l’Homme.

Au commencement de notre action, en mai 2017, nous avions sollicité les 574 députés de la 14ème législature encore en cours de mandat. Dans l’objectif de montrer qu’il existait des élus aux démarches vertueuses, nous appelions ces parlementaires à faire confiance à leurs électrices et électeurs et aux citoyen⋅ne⋅s français⋅es en rendant publics les six derniers mois de leurs dépenses professionnelles. Seuls 10 parlementaires ont répondu favorablement à cette demande et nous ont confié les relevés de leurs dépenses et autorisé à les publier : Brigitte Allain, Isabelle Attard, Thierry Benoit, Jean-Luc Bleunven, Olivier Dassault, Joël Giraud, Régis Juanico, Chaynesse Khirouni, Dominique Raimbourg et Barbara Romagnan.

Extrêmement reconnaissants à l’égard de ces dix parlementaires, pouvions-nous nous satisfaire pour autant d’un si faible nombre de réponses positives ? Alors que l’ensemble des administrations françaises sont tenues de justifier leurs dépenses, notamment devant les parlementaires, ceux-ci ne rendaient compte à personne de leurs dépenses professionnelles. Avec cette action, nous souhaitions pousser le Parlement vers une logique de transparence démocratique avantageuse pour tous : publier le relevé détaillé de ces dépenses permettrait à la fois d’illustrer de manière concrète et détaillée la légitimité de la très grande majorité d’entre elles, de repérer les abus grâce au regard des citoyens, journalistes ou autres lanceurs d’alertes, et ainsi de limiter le nombre d’opérations de contrôle par les institutions.

Malheureusement, avec sa « loi moralisation » en 2017, la majorité parlementaire a fait le choix inverse et mis sur pied une usine à gaz complexe, coûteuse et inefficace reposant sur un contrôle a posteriori par l’institution, sans aucune transparence. Résultat : des contrôles aléatoires, 600 € d’argent de poche mensuel open bar, une liste de dépenses autorisées floue et un travail astronomique confié à la déontologue.

Face à ces choix politiques ineptes, nous avons décidé d’attaquer les 564 députés adeptes de l’opacité.

Trois ans plus tard, où en sommes-nous ?

Nous nous attendions à un long marathon : à la moitié du chemin, le combat s’est effectivement révélé ardu et pavé de contradictions juridictionnelles. Durant ces deux années de procédure, les institutions françaises n’ont cessé de se contredire. Ainsi, l’autorité en charge de l’accès aux documents administratifs, la CADA, s’est d’abord déclarée incompétente, estimant que les députés ne sont pas chargés d’une mission de service public. Un an plus tard, le Tribunal administratif de Paris désavouait la CADA : il s’estimait à son tour incompétent mais sur un tout autre fondement : celui de la « séparation des pouvoirs ». Face à cette débacle « d’incompétence », nous n’avions d’autre choix que de saisir le Conseil d’État. La Haute juridiction administrative n’a pas manqué de désavouer l’ensemble des précédentes interprétations. Selon le Conseil d’État, les juridictions administratives étaient parfaitement compétentes pour juger d’une demande de transparence concernant les parlementaires ou leur administration. Une première ! En revanche, cette juridiction n’a pas manqué de créer de toutes pièces un nouvel argument pour nous refuser le droit d’accès aux dépenses des députés : la « souveraineté nationale ». La plus haute juridiction administrative française peut donc utiliser un pur argument d’autorité à l’encontre d’un droit pourtant reconnu depuis comme une liberté fondamentale !

Ces arguments violent à nos yeux la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme : en matière de droit d’accès à l’information publique, si les États peuvent refuser la transparence aux citoyen⋅ne⋅s, ils doivent le faire en respectant trois règles très strictes :

  • cela doit être prévu par la loi : ce n’est pas le cas des arguments avancés par le Conseil d’État ;
  • cela doit être proportionné : les juridictions doivent vérifier que l’atteinte au droit d’accès est surpassée par un autre intérêt, or la décision du Conseil d’État ne repose aucunement sur une telle mise en balance ;
  • cela doit être nécessaire dans une société démocratique : la solution proposée doit être la plus respectueuse possible des droits et libertés de chacun, et ici encore, le Conseil d’État n’a produit aucune des analyses requises.

Au vu de ces violations manifestes des règles du droit du Conseil de l’Europe, nous avons décidé d’attaquer la France devant la Cour européenne des Droits de l’Homme. Cette requête a été enregistrée par la Cour sous le numéro 1511/20.

Il est essentiel que les parlementaires se montrent exemplaires en matière de transparence. Cette exemplarité est non seulement nécessaire pour assurer leur crédibilité face aux citoyen⋅ne⋅s, mais aussi à l’égard des administrations qu’ils sont censés contrôler. Affaires de Rugy, frais imaginaires, cotisations illégales à des partis politiques, signalement auprès du parquet national financier de soupçons de détournements… les scandales médiatiques autour des frais de mandat ébranlent encore et toujours la confiance des citoyens envers leurs représentants politiques, et la politique financière du Parlement est toujours aussi opaque. En empruntant la voie du droit, nous espérons que notre action devant la CEDH contribuera à voir naître un Parlement plus transparent sur le plan financier, et ainsi, peut-être, renouer la confiance avec les citoyens.

vendredi 28 juin 2019

Le Conseil d’État vient de rendre sa décision sur notre demande de transparence des frais de mandat aux députés de la précédente législature. Camouflet pour la CADA et le tribunal administratif de Paris dont les analyses sont balayées, cette décision s’avère également une douche froide pour la transparence de la vie publique. Souveraineté nationale, circulez, il n’y a rien à voir !…

En mai 2017, nous avions sollicité, avec le soutien de près de 300 citoyens, tous les députés de la 14ème législature pour leur demander communication des relevés de leurs comptes bancaires dédiés aux frais de mandat et des déclarations sur l’honneur de bon usage de cet argent public. Une dizaine de parlementaires avaient alors répondu favorablement et fait acte de transparence. Face aux refus des autres députés, nous avions alors entamé un marathon judiciaire dans l’espoir de faire évoluer positivement la transparence sur les frais de mandat.

Accès aux documents administratifs parlementaires : le juge administratif et la CADA compétents

Durant ces deux années de procédure, nous avons du nous défendre face à des arguments juridiques contradictoires : dans un premier temps, la CADA a jugé que notre demande ne pouvait aboutir car les députés ne seraient pas chargés d’une mission de service public. Plus d’un an plus tard, le tribunal administratif de Paris écartait ces arguments, tout en se déclarant à son tour incompétent, sur le fondement cette fois de la « séparation des pouvoirs ». Quant à l’Assemblée nationale (qui a pris en charge financièrement la défense des députés), ses conseils n’ont eu de cesse de changer de défense sans que leurs arguments soient réellement jamais repris.

Notre pourvoi en cassation associé à une demande de Question Prioritaire de Constitutionnalité a permis au Conseil d’État de clarifier la situation. Sa décision publiée le 28 juin balaie les analyses juridiques de la CADA et du tribunal administratif de Paris (TA) et clarifie le statut des documents produits ou reçus par les députés au regard du droit administratif. Au vu des missions de service public des députés et du Parlement, la haute juridiction administrative confirme que la CADA et le TA sont parfaitement légitimes à se prononcer sur une demande de communication de documents administratifs parlementaires, validant ainsi les arguments que nous défendions sur ce point : la séparation des pouvoirs ne saurait s’opposer à la transparence démocratique.

Souveraineté nationale, l’ultime argument pour protéger l’opacité des députés ?

En revanche, sur le fond, la décision du Conseil d’État est plus inquiétante : sans que l’argument soit étayé dans sa décision, ni dans les conclusions prononcées par la rapporteure publique, le Conseil d’État estime que la communication de ces documents doit s’analyser au regard de la souveraineté nationale. Le statut de député est avancé ici comme une forme d’écran empêchant aux citoyens l’accès aux dépenses des députés. En effet, le Conseil d’État estime que puisque les frais de mandat sont destinés à couvrir des dépenses liées à l’exercice du mandat de député, ils se rattachent à leur statut de députés, et relèvent donc de l’exercice de la souveraineté nationale, écartant de fait toute obligation de transparence et de redevabilité. Reposant ainsi sur ce seul argument d’autorité, cette décision est une nouvelle atteinte au droit de savoir assez alarmante.

Elle met en effet en danger le cadre juridique, déjà très bancal, de la gestion de l’argent public alloué aux députés : si le statut du député empêche les citoyens de connaître de l’usage fait des deniers publics, en est-il désormais de même lorsqu’un différend émerge de l’usage de ces ressources ? Le conseil des prud’hommes pourrait-il se voir opposer le même argument de souveraineté nationale lorsqu’il juge des différends entre un député et ses collaborateurs ? Les tribunaux sont-ils toujours aptes à arbitrer du conflit entre un député et le propriétaire de sa permanence parlementaire ?

En affirmant la compétence du juge administratif en ce qui concerne la communication de documents relatifs aux frais de mandat, tout en opposant ensuite le statut de député comme un écran opaque à la communicabilité de ces documents, le Conseil d’État entérine une situation absurde par laquelle l’exercice d’un droit constitutionnel ne trouve pas d’application légale. Nous allons donc voir avec notre avocat, Maître Olivier Coudray, quelles suites donner à cette action, par exemple devant la Cour européenne des droits de l’homme, pour parvenir à rendre effectif le droit de chacun à la transparence de l’usage de l’argent public par les députés et au sein du Parlement.

Résumé des étapes précédentes :

  • 15 mai 2017 : Envoi de la demande d’accès aux documents administratifs auprès des 574 députés concernés.
  • 8 juillet 2017 : Dépôt de 567 recours auprès de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs pour les parlementaires ne nous ayant pas répondu, ou ayant répondu par la négative.
  • 23 novembre 2017 : Réception du premier avis de la CADA, qui se déclare incompétente pour traiter notre demande.
  • 15 mai 2018 : Dépôt d’un recours auprès du Tribunal Administratif de Paris pour les 567 parlementaires concernés.
  • 6 décembre 2018 : Le Tribunal Administratif de Paris se déclare incompétent.
  • 6 février 2019 : Pourvoi au Conseil d’État.
  • 17 juin 2019 : Audience au Conseil d’État.
  • 27 juin 2019 : Décision du Conseil d’État.
mardi 19 février 2019

Près de deux ans après avoir vu le jour, notre initiative réclamant la transparence des frais de mandat des parlementaires franchit une nouvelle étape : celle du Conseil d’État. En effet, nous avons demandé à Maître Coudray, avocat aux conseils, d’introduire un recours contre la décision d’incompétence rendue par le tribunal administratif de Paris en décembre dernier concernant les 564 députés et anciens députés nous ayant refusé la transparence de leurs frais de mandat.

À l’occasion de cette procédure, le Conseil d’État aura l’occasion de se pencher sur des questions inédites en droit public :

  • les députés sont-ils chargés d’une mission de service public ?
  • les dépenses liées aux mandats des députés sont-elles des actes administratifs ?
  • quelles sont les voies de recours en cas de refus de communication, par le Parlement, de documents administratifs ?

Le Conseil d’État se penchera également sur des problèmes de forme assez troublants dans le jugement du tribunal administratif de Paris :

  • est-il normal qu’un juge administratif fasse référence à des articles de loi qui n’existaient pas au moment des faits ?
  • est-il normal que le jugement qui nous a été notifié soit tronqué d’un paragraphe clé ?

Les réponses à ces questions devront encore attendre quelques mois.

Sans attendre cette décision du Conseil d’État, nous renouvelons notre invitation aux 564 députés de la 14ème législature à suivre l’exemple de leurs collègues Brigitte Allain (EELV), Isabelle Attard (EELV), Thierry Benoit (UDI), Jean-Luc Bleunven (PS), Olivier Dassault (LR), Joël Giraud (LREM), Régis Juanico (PS), Chaynesse Khirouni (PS), Dominique Raimbourg (PS) et Barbara Romagnan (PS) en nous communiquant, sans attendre la suite de la procédure, leurs relevés de frais de mandat.

 

Consulter le site de notre initiative sur la
transparence des Frais de mandat

 

mardi 16 octobre 2018

Photomontage signe sortie à l'Assemblée

Photomontage Regards Citoyens – CC by-sa
Sources : M Stawowy & AN – WMCommuns

Le 12 juin 2018, une collaboratrice parlementaire nous adressait un e-mail pour nous suggérer de nous pencher sur les conditions de travail des collaborateurs des députés. D’après ce témoignage, la situation serait préoccupante : notre interlocutrice évoquait des « faits de harcèlement moral » et de « contentieux […] en cours ».

Il se trouve que depuis le scandale Fillon, l’Assemblée rend publics les noms des collaborateurs des députés, information que nous collectons et historisons depuis lors. Afin de vérifier l’intuition de notre interlocutrice, nous avons décidé, sur la base de ces données, d’étudier les qualités manageriales des parlementaires en calculant le turnover, c’est-à-dire le renouvellement du personnel au sein des équipes des députés. À l’occasion d’un workshop autour de LaFabriqueDeLaLoi.fr organisé à l’invitation de l’École normale supérieure de Lyon, c’est en compagnie de chercheurs de Sciences Po et de l’Université de Genève, puis avec l’aide d’une journaliste de MédiaCités, que nous nous sommes penchés sur cette question.

L’exploration des données récupérées quotidiennement par nos robots depuis le début de la législature s’avère passionnante. Des entretiens avec des collaborateurs ou d’anciens employés nous confirment que ces données sont fiables. La publication par les services de l’Assemblée des collaborateurs employés en contrat fixe s’avère être réalisée de manière quasi instantanée par rapport à l’instruction administrative de leurs contrats.

Un turnover global équivalent à celui du privé

Les premiers résultats sont surprenants : si le métier de collaborateur est une fonction précaire (plus de la moitié des députés ont employé au moins un collaborateur pour une durée inférieure à 4 mois), le turnover au sein de l’Assemblée est très proche de la moyenne nationale pour les entreprises du tertiaire : la rotation de l’emploi sur l’ensemble de l’institution est de 66,5% contre 64% au niveau national en 2011 d’après la DARES. À l’échelle d’une équipe parlementaire, cette rotation est également dans la moyenne : 53% pour la moyenne des 564 députés étudiés entre octobre 2017 et octobre 2018, contre 58,8% pour les TPE françaises.

155 députés avec un turnover élevé à très élevé

En regardant plus attentivement ces données, on remarque une vraie disparité des styles de management et notamment un taux de rotation anormalement élevé pour un quart des parlementaires : 155 députés ont renouvelé de 1 à près de 3 fois l’équivalent de l’intégralité de leur équipe. Le turnover au sein de l’Assemblée semble donc avoir un impact sur un nombre non négligeable de collaborateurs même si cela semble relever de situations individuelles.

Comme le suggérait la collaboratrice qui nous a donné l’idée de se pencher sur ce sujet, nous rendons donc publics les taux de fin de contrat constatés entre octobre 2017 et octobre 2018 pour l’ensemble des députés en activité sur cette période. Pour certains d’entre eux, les importants taux de départ sont concentrés en début de session, ce qui pourrait laisser entendre que ces députés ont depuis corrigé leurs problèmes de gestion de personnel.


(1) La situation s’est améliorée pour ce député en cours d’étude, les problèmes de turnover semblent en voie de résolution.
(2) Turnover proche ou inférieur au taux national.
Télécharger les données du tableur

Corrélations entre le turnover et le genre, l’âge et le groupe des députés

Si ces 155 cas semblent essentiellement liés à la personnalité des députés, les analyses statistiques que nous avons menées révèlent toutefois 3 critères indépendants présentant des corrélations avec la durée de contrat des collaborateurs :

  • le genre du parlementaire : les députées femmes ont employé en moyenne leurs collaborateurs moins longtemps que leurs collègues hommes (289 jours de contrat pour les femmes, contre 357 pour les hommes) ;
  • l’âge du parlementaire : plus le député est âgé, plus les contrats des collaborateurs durent ;
  • l’appartenance du parlementaire à certains groupes politiques : les collaborateurs des députés LREM et Non inscrits ont eu, au cours de la session 2017-2018, des contrats plus courts que la moyenne des députés.

Cette première étude permet de tirer quelques enseignements sur la problématique du turnover dont sont victimes certains collaborateurs. Elle devra être complétée par des travaux approfondis pour mieux comprendre pourquoi les députés LREM et Non inscrits ou les députées ont été plus sujets à des taux de turnover élevés lors de cette première année. Est-ce lié aux conditions de leur élection ? Est-ce lié à leur situation de députés de la majorité ou de l’opposition ? Est-ce que cette première année est une année spéciale en la matière ? Les changements de la réglementation relative à l’embauche des collaborateurs peuvent-ils expliquer certains phénomènes ? Ce sont les questions que des études plus approfondies sur la question des collaborateurs parlementaires pourraient explorer.


Consulter l’exploitation des données réalisée
Consulter l’article de MediaCités réalisé sur la base de ces données
Consulter l’article de The Conversation issu de l’exploitation de ces données
Consulter les données et le code source de ces travaux

mercredi 26 septembre 2018

Il y a tout juste un an, sept groupes de travail chargés de réformer différents aspects de la vie parlementaire étaient créés à l’Assemblée nationale. Avec la mise en œuvre d’un grand nombre de leurs propositions, la courte présidence de François de Rugy a permis de faire progresser l’Assemblée nationale en matière de transparence : publication du règlement budgétaire, comptable et financier ; publicité des travaux du Bureau, de la Questure et de la Conférence des présidents ; transparence de l’usage des délégations de vote ; publication des entrées des lobbyistes dans l’enceinte de l’Assemblée (prévue pour janvier 2019)… Proposées de longue date par notre association, ces avancées, nécessaires dans une institution démocratique telle que l’Assemblée nationale, ont déjà permis à de nombreux citoyens, journalistes ou chercheurs d’obtenir des informations plus complètes sur la diversité des travaux parlementaires.

NosDéputés.fr s’enrichit également de ces progès, pour valoriser encore plus précisément l’activité des députés. Ainsi, depuis plusieurs mois, l’implication des parlementaires dans les travaux du Bureau, de la Conférence des présidents ou de la Questure sont pris en compte. Nous sommes aujourd’hui très fiers d’annoncer que la présence des députés lors des scrutins publics fait désormais partie des données intégrées sur le site, grâce à la publication par l’Assemblée des délégations de vote.

Etude de l'impact de l'introduction des présences lors des scrutins sur l'indicateur « semaine d'activité »
Etude d’impact de l’introduction des présences lors des scrutins sur l’indicateur « semaine d’activité »

Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’information relative aux scrutins publics est restée jalousement cachée durant très longtemps. L’article 24 de la Constitution proclame pourtant le vote de la loi comme une activité clé du mandat de député. Il y a seulement quatre ans, il était impossible de connaître la plupart des votes individuels des députés lors des scrutins publics : seules les positions des groupes parlementaires et les votes contraires en leur sein étaient alors publics (exemple d’un scrutin de janvier 2014 sans transparence des votes). En 2014, le président Claude Bartolone avait réalisé un premier pas vers la transparence de ces informations en rendant enfin publiques les positions individuelles de chaque parlementaire.

Une zone d’ombre persistait cependant dans la pratique des scrutins à l’Assemblée. La Constitution consacre dans son article 27 le caractère personnel du droit de vote des membres du Parlement, tout en « autoris[ant] exceptionnellement la délégation de vote », un mécanisme de procuration permettant à un parlementaire de voter pour un autre. Toutefois, l’usage de ces délégations n’était pas rendu public. Cette zone d’ombre n’était pas sans conséquence : elle empêchait les citoyens de vérifier par eux-mêmes le déroulement et le décompte corrects des scrutins. Ainsi, lorsque les spectateurs présents en tribune constataient un nombre de votants supérieur au total des parlementaires effectivement présents dans l’hémicycle, aucune explication, aucune traçabilité, aucune transparence, aucun recours n’étaient possibles pour comprendre et analyser ces différences.

Au grand dam de nombreux députés, cette opacité sur l’usage des délégations empêchait aussi le site NosDéputés.fr de prendre en compte certaines participations silencieuses en hémicycle. Contrairement aux commissions, les services de l’Assemblée n’effectuent pas le relevé de la liste des présents dans l’hémicycle. C’est pourquoi NosDéputés.fr ne peut refléter pour les séances plénières que la participation active aux débats, détectée jusqu’ici uniquement par les interventions orales. Pourtant de nombreux députés suivent les discussions sans intervenir, mais en participant aux différents votes. Sans transparence des délégations, il était impossible de rendre compte de ces participations muettes à partir des résultats des scrutins. En effet, si le site s’attache à reprendre toutes les informations disponibles sur le travail des députés (venant de l’Assemblée nationale ou du Journal Officiel), le détail d’un vote ne permettait pas d’identifier avec certitude la participation physique d’un parlementaire à un scrutin.

Le président François de Rugy et les membres du groupe de travail « Ouverture et Rayonnement » ont reconnu la nécessité d’une réelle publicité des scrutins. Depuis le printemps 2018, l’Assemblée publie donc au sein des relevés en ligne et en open data le détail des votes individuels ainsi que l’usage ou non d’une délégation. Après un long travail méthodologique sur ces données par nos membres bénévoles, NosDéputés.fr prend désormais en compte la participation aux scrutins dans l’indicateur des semaines d’activité et dans le graphique des députés pour les scrutins concernés, soit à compter de février 2018. Grâce à la publicité des délégations de vote, ce sont aujourd’hui plus de 22 000 présences individuelles de députés silencieux lors de séances en hémicycle qui ont pu être ajoutées afin de mieux valoriser les travaux des députés lors des séances publiques.

comparaison avant et après la prise en compte des délégations
Comparaison de fiches de députés avant et après la prise en compte des délégations

Espérons qu’au regard de ce bilan très positif en matière de transparence et de valorisation de l’implication des députés au sein de l’Assemblée nationale, la nouvelle présidence continuera à soutenir les avancées des « groupes de travail des réformes » et marchera ainsi dans les pas de ses deux prédécesseurs pour renforcer la transparence démocratique, socle de la confiance du citoyen en l’institution.

mercredi 16 mai 2018
cartons
Lors du dépôt des 567 requêtes le 15 mai 2018

Regards Citoyens vient d’attaquer devant le tribunal administratif 567 députés et anciens députés pour leur refus de transparence en matière de frais de mandat.

Il y a un an, l’association avait sollicité tous les députés en cours de mandat pour leur demander communication du détail des comptes bancaires dédiés à leurs frais de mandat. Quelques 300 citoyens s’étaient associés à cette action pour que les députés accusent réception de cette demande d’accès à des documents administratifs. 7 parlementaires avaient alors répondu favorablement et fait acte de transparence.

La transmission de cette affaire au tribunal administratif vise d’abord à assurer la transparence et ainsi démontrer que contrairement à l’idée reçue, cette somme forfaitaire assurée chaque mois à tous les parlementaires pour pouvoir payer leurs frais de mandat est utile et nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie. La saisine du tribunal a ensuite pour objectif de faire valoir la nécessité de transparence sur le plan juridique, à l’image des combats menés ces dernières années pour obtenir plus de transparence quant aux dépenses effectuées par l’Élysée ou les cabinets ministériels. Cette attaque au tribunal administratif est enfin la conséquence naturelle d’une décision très frileuse de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs, laquelle a préféré se déclarer incompétente et ne pas trancher le débat qui nous oppose à ces députés. Nous sollicitons donc à présent le juge administratif afin d’obtenir cette transparence légitime.

Dans les requêtes transmises mardi 15 mai 2018, il est ainsi exposé que les députés, étant chargés d’une mission de service public, sont tout aussi comptables de l’usage des deniers publics que les administrations centrales, les collectivités ou les délégations de service public. Au moins 4 députés dont Éric Ciotti et Nathalie Kosciusko-Morizet, également sollicités pour ces demandes, se sont déjà vu reconnaître ce statut de personne chargée d’une mission de service public devant le juge judiciaire. De plus, les relevés bancaires demandés proviennent de comptes spécifiquement dédiés aux frais de mandat des députés et constituent les seules pièces comptables qu’ils peuvent produire pour justifier de l’usage fait de l’argent public. Le juge administratif a déjà indiqué que des relevés bancaires justifiant de la comptabilité d’argent public devaient être considérés comme des documents administratifs communicables. Regards Citoyens espère donc obtenir sur ces fondements, non examinés par la CADA, une décision favorable du juge administratif.

S’il est parfaitement légitime que les élus de la République disposent de moyens pour effectuer leur mission de service public, il est essentiel que l’usage de cet argent public soit rendu transparent, par exemple comme en Angleterre où la publication de chacune des notes de frais des élus est systématique. En sollicitant tous les députés plutôt qu’en personnalisant cette action sur quelques élus, Regards Citoyens entend casser le cercle vicieux, destructeur pour la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques, qui consiste à n’agir en matière de transparence et d’éthique qu’après la révélation d’abus individuels. Les frais de mandat ont beaucoup fait parler d’eux après des scandales révélés par la presse, comme par exemple pour acquérir la propriété privée de permanences parlementaire. Loin de minimiser ces dérives dénoncées tour à tour par la Commission pour la transparence financière de la vie politique et la Haute autorité de transparence de la vie publique, ces abus d’une minorité entâchent l’ensemble des parlementaires.

Malheureusement en la matière, et en dépit des engagements de campagne, seules des « mesurettes » ont été prises jusque là. Il est pourtant essentiel de saisir à bras-le-corps le manque de confiance des citoyens dans les institutions démocratiques en mettant en place de réelles dispositions de transparence et de prendre les mesures adéquates lorsque des abus sont constatés. Les récents changements législatifs et règlementaires relatifs aux frais de mandat apportés par la loi dite « confiance dans la vie politique » n’apportent aucune de ces garanties. Au contraire, le nouveau mécanisme instaure d’une part un système d’avance sur frais sans justificatif totalement opaque, combiné d’autre part à une procédure de contrôle aléatoire par la déontologue de l’Assemblée, laquelle a d’ores et déjà annoncé ne pas disposer de moyens suffisants pour en garantir l’efficacité. Cette « réforme a minima » ne prévoit enfin aucun mécanisme de transparence, seul moyen qui pourrait permettre de commencer à rétablir la confiance des citoyens dans la bonne utilisation des moyens publics mis à la disposition des élus pour leurs mandats.

Regards Citoyens tient à remercier de nouveau les 7 parlementaires ayant répondu positivement et partagé publiquement les relevés dédiés à leurs frais de mandat : Brigitte Allain, Isabelle Attard, Jean-Luc Bleunven, Joël Giraud, Régis Juanico, Dominique Raimbourg et Barbara Romagnan. L’association salue également les quelques nouveaux parlementaires qui ont fait le choix de rendre systématiquement public l’usage détaillé du budget qui est mis à leur disposition. Espérons que ces parlementaires pionniers inspirent certains des 567 anciens députés attaqués à rectifier la situation et à transmettre les relevés de leurs compte dédiés à l’IRFM sans attendre la décision du tribunal administratif.

Accéder au site de l’opération pour la transparence des frais de mandat

jeudi 20 juillet 2017

Regards Citoyens rend publics les relevés bancaires des frais de mandats de 7 députés de la 14ème législature qui nous ont fait confiance en nous les communiquant durant la campagne électorale. Il s’agit de Brigitte Allain (ancienne députée de Dordogne), Isabelle Attard (ancienne députée du Calvados), Jean-Luc Bleunven (ancien député du Finistère), Joël Giraud (député des Hautes-Alpes), Régis Juanico (député de la Loire), Dominique Raimbourg (ancien député de Loire-Atlantique) et Barbara Romagnan (ancienne député du Doubs).

La publication de ces relevés de compte, qui portent sur les 6 derniers mois de leur mandat, montre que les député-e-s ont tout à gagner à jouer le jeu de la transparence pour mieux faire comprendre aux citoyens la légitimité de ces frais de mandat. Les relevés dévoilent en effet l’activité financière assez classique d’un-e député-e : location d’une permanence et frais de fonctionnement, frais de déplacement (taxi, essence, location de voiture…), frais de représentation (coiffure, gerbes de fleurs, médailles…), frais de communication (impression de lettres d’information, photocopies…) ainsi que de légitimes remboursements de repas (les député-e-s ayant régulièrement des rendez-vous à l’heure du déjeuner, il serait inquiétant en terme de lutte contre les conflits d’intérêts s’ils se voyaient inviter par les lobbyistes rencontrés). Il apparaît par ailleurs que les montants alloués par l’Assemblée ne suffisent parfois pas à couvrir l’intégralité des dépenses : plusieurs député-e-s doivent avancer certains frais, voire effectuer des virements réguliers depuis leurs comptes personnels.

Cette action pour imposer la transparence des frais de mandats a débuté mi mai : nous avons dans un premier temps demandé par e-mail aux député-e-s de la 14ème législature de nous communiquer les relevés de compte dédiés à leurs frais de mandat. Puis, avec l’aide de centaines de citoyen-ne-s, nous avons relancé environ 300 d’entre eux par lettre recommandée avec accusé de réception. Près de deux mois après le lancement de cette initiative, 567 député-e-s n’ont pas souhaité répondre ou ont répondu négativement à notre demande. Nous entamons donc désormais les démarches légales afin d’obtenir la légitime transparence de ces frais de mandat : nous avons transmis le dossier de ces 567 ancien-ne-s député-e-s à la Commission d’Accès aux Documents Administratifs, qui devra statuer sur la question, sans doute en septembre. Selon notre analyse, la CADA devrait, nous l’espérons, confirmer l’obligation légale pour les député-e-s de rendre publics ces documents relatifs à l’usage de fonds publics.

À l’initiative du gouvernement et de la rapporteure sur les projets de lois « Confiance », la Commission des lois de l’Assemblée nationale a soigneusement détricoté dans l’urgence le texte voté la semaine passée par les sénateurs et sénatrices. Les apports positifs du Sénat notamment concernant la lutte contre les conflits d’intérêts au sein de l’exécutif ont ainsi disparu. En outre, les député-e-s de la nouvelle majorité n’ont voté aucun amendement en faveur de la transparence, préalable pourtant indispensable au rétablissement de la confiance. Convoquées dans la précipitation par la présidente à des auditions alors que les sénateurs n’avaient pas encore achevé leur travail sur le texte, les organisations de la société civile ne semblent avoir servi que de faire-valoir, et l’essentiel de leurs propositions ont été balayées. Transparency International France, Anticor ou le CNNum portaient pourtant des propositions novatrices. In extremis, seuls les représentants des collaborateurs parlementaires ont pu être écoutés, à la marge, et voir, enfin, leur statut reconnu.

La publication, aujourd’hui, de ces relevés d’usage de l’IRFM montre pourtant qu’il existe des élus prêts à donner des gages de confiance aux citoyens. Nous espérons que ces 7 député-e-s pionniers et pionnières de la 14ème législature inspireront leurs nouveaux collègues. Les nouveaux député-e-s ont beau jeu de parler de renouveau, de confiance et de transparence. Ils seraient plus avertis de proposer et de voter des mesures effectivement ambitieuses. À ce titre, nous formulons des suggestions d’amendements en vue de la séance publique (disponibles au format PDF, ODT et texte) afin de rendre enfin transparents l’usage des frais de mandat, les comptes des candidat-e-s aux élections, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ou encore les arbitrages interministériels.

Sans transparence, impossible de construire la confiance !

vendredi 30 juin 2017

Regards Citoyens a été auditionné le 21 juin 2017 avec Transparency International France et Anticor par Philippe Bas, le rapporteur des projets de lois Confiance dans l’action publique, et certains de ses collègues de la commission des lois du sénat. L’audition n’étant pas publique, nous publions un compte-rendu des propos tenus par les trois représentants de Regards Citoyens durant ce rendez-vous.

Télécharger le compte-rendu de l’audition

« La confiance ne se proclame pas »

 

 

Les projets de lois que votre commission est amenée à étudier annoncent vouloir rétablir la confiance.

Pour ce faire, il faut des règles, du contrôle et des sanctions en cas de manquement, comme le prévoient déjà beaucoup de dispositions des présents projets de loi. Mais cela ne peut pas suffire.

En effet, la confiance ne se proclame pas : elle se gagne par réciprocité. L’instrument fondamental pour gagner la confiance, c’est la transparence, elle-même gage de confiance envers les citoyens.

Or cet instrument est quasiment absent du texte. Nous vous proposons donc de l’ajouter dans au moins 4 grands thèmes : la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP), la Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques (CNCCFP), les Collaborateurs parlementaires et l’Indemnité Représentative de Frais de Mandat (IRFM).

Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique

Transparence de la HATVP (droit d’accès aux documents)

La Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) n’est pas elle-même transparente : contrairement aux autres autorités administratives indépendantes les citoyens ne peuvent pas lui demander communication de documents administratifs suivant le régime de la CADA. Il faut la rendre comptable comme n’importe quelle administration ou haute autorité. Les dispositions relatives à l’accès aux documents administratifs combinées à celles des lois du 11 octobre 2013 relatives à la transparence de la vie publique sont déjà très respectueuses de la vie privée, il n’y a donc pas de risque de divulgation d’informations liées à la vie privée des élus.

Nous conseillons donc de supprimer l’exception à la transparence de la HATVP du premier alinéa de l’article L311-5 du Code des relations entre le public et l’administration qui exclue du droit d’accès aux documents administratifs toutes les missions de la HATVP.

Sans risque de violation de la vie privée des élus, la suppression de ces dispositions permettrait à la HATVP de publier des informations sur la constellation d’institutions dont elle a la charge et notamment celles liées aux collectivités territoriales (syndicats mixtes, intercommunalités…), aux élus qui les composent, à leurs indemnisations… Aujourd’hui, il est très complexe de réaliser une cartographie exhaustive de toutes ces institutions locales alors que la HATVP dispose d’une grande masse d’informations. L’ouverture de ces informations permettrait donc une grande avancée pour l’information des citoyens.

Problèmes relatifs à la publicité des déclarations

Plusieurs problèmes nous semblent importants à prendre en considération dans les projets de lois :

  • Les déclarations d’intérêts publiées par la HATVP doivent être retirées le jour de la perte de fonction ou de mandat : beaucoup de journalistes et de citoyens n’ayant pas sauvegardé ces déclarations sont frustrés de ne plus les retrouver. Pour limiter les risques en matière de conflit d’intérêts et de pantouflage qui restent susceptibles de s’exercer dans les mois et années qui font suite au mandat, il faut conserver les déclarations d’intérêts en ligne pour une durée d’au moins un an après la fin des responsabilités.
  • Pour les déclarations de patrimoine de sortie de fonction : pour des raisons de logistique et de traitement (dépôt par les anciens ministres, interrogation de la DGFIP, puis traitement par la HATVP), elles ne sont publiables que pendant une durée totale de 15 jours. En plus d’étendre la durée de publication, il serait intéressant de prévoir que le contrôle sur l’enrichissement s’étende sur au moins l’année suivant la perte de fonction ou de mandat. En matière de lutte contre les conflits d’intérêts, les retours d’ascenseur une fois les fonctions perdues sont à limiter.
  • Publicité des déclarations d’intérêts des membres de cabinets : les personnes qui composent les cabinets ministériels et conseillent les ministres présentent un risque important en matière de conflit d’intérêts et de pantouflage. La publicité de leurs déclarations permettrait au moins partiellement de les limiter. La question se pose aussi pour les déclarations d’intérêts pour les administrateurs parlementaires ou pour les membres des cabinets du Bureau et des présidents des commissions permanentes.

Déclarations de patrimoine : un système très lourd et criminalisant les citoyens

L’objectif de la déclaration de patrimoine est de prouver le non enrichissement des élus. La déclaration de patrimoine doit donc être précise et pour être suffisamment précise, elle doit contenir des éléments se rapportant à la vie privée des élus. Au vu du risque encouru en terme de vie privée, il est donc naturel qu’elle ne soit pas rendue publique.

La situation actuelle permet la consultation de cette déclaration par les citoyens, mais dans des conditions très strictes et avec l’interdiction de diffuser les informations consultées. Une meilleure solution consisterait à :

  • supprimer l’accès en préfecture aux déclarations de patrimoine, et la remplacer par l’établissement par la HATVP d’un bilan d’enrichissement individuel rendu public une fois les contrôles effectués par la HATVP ;
  • renforcer la qualité des informations liées à la déclaration d’intérêts pour que notamment les liens directs ou indirects des élus entrepreneurs soient rendus publics ;
  • un mécanisme de protection des lanceurs d’alerte permettant à toute personne d’interroger la HATVP sur un point particulier en incluant une obligation de réponse pour la Haute Autorité.

Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques

Les scandales Bygmalion et Jeanne ont montré l’inefficacité de la CNCCFP qui s’épuise à contrôler toutes les petites dépenses tout en passant à coté de gros scandales.

La transparence est encore une fois un instrument fondamental pour traiter cette problématique :

  • la publication à priori a un effet vertueux pour les déclarants ;
  • elle permet de se concentrer sur les éléments qui posent problème en traitant les alertes citoyennes ;
  • elle vise à rétablir la confiance en montrant la légitimité de l’immense majorité des dépenses.

Nous recommandons par conséquent la publication en Open Data de tous les documents justifiant les comptes des partis, les recettes et dépenses des candidats, ainsi que des avis de la CNCCFP, en ajoutant à ses missions l’obligation de publier ces documents dans un format librement réutilisable.

La disposition prévue sur les donateurs va dans le bon sens, mais il lui manque un volet publicité (au dessus de 500 € par exemple) sinon la CNCCFP ne saura pas détecter les problèmes.

Collaborateurs parlementaires

Le débat sur les emplois familiaux est en réalité avant tout celui des emplois fictifs.

Plutôt que d’imposer des règles arbitraires créant des discriminations à l’embauche sur ces fonctions, il faut donc plutôt traiter le problème des emplois fictifs de manière plus vigoureuse, en établissant :

  • un vrai statut des collaborateurs parlementaires, à l’image de ce qui se peut se faire au Parlement Européen, définissant de réelles activités mesurables et vérifiables ;
  • l’inscription dans la loi d’une liste publique des collaborateurs tenue à jour par les assemblées. Le mécanisme de publication de ces informations via les déclarations d’intérêts est inadapté : il alourdit les procédures administratives pour les parlementaires en les obligeant à réaliser une déclaration d’intérêts rectificative à chaque changement, ce qui n’est en conséquence pas respecté par les parlementaires. À titre d’exemple, Regards Citoyens suit chaque jour la liste publiée par le Sénat et il est possible d’observer qu’elle évolue toutes les semaines : des déclarations d’intérêts rectificatives pour chaque changement semblent donc une charge administrative inutile. Il conviendrait plutôt d’inscrire dans la loi l’usage qui a été initié par le Sénat puis repris en toute fin de législature par l’Assemblée de publier la liste des collaborateurs. Indiquer ces dispositions dans la loi, permettra de s’assurer que ces bonnes pratiques soient pérénisées ;
  • une déclaration succincte des intérêts des collaborateurs : faire peser sur l’ensemble des collaborateurs parlementaires le régime des déclarations d’intérêts risquerait d’alourdir énormément le mécanisme et de saturer la HATVP ; adjoindre simplement à la liste des collaborateurs publiée par chaque assemblée une déclaration réduite permettrait d’assurer cette transparence sans surcharge administrative.

Concernant l’éxecutif, la transparence apportée par notre proposition de soumettre les collaborateurs des cabinets ministériels à la publication de leurs déclarations d’intérêts (cf. partie dédiée à la HATVP) permettrait de limiter les risques en matière d’emplois fictifs au sein de l’exécutif.

Indemnité Représentative de Frais de Mandat

Pour la rendre acceptable au citoyen et montrer que cette indemnité est légitime, il faut montrer à quoi elle sert et comment elle est utilisée. Le simple contrôle ne suffira donc pas. Les dispositions proposées jusqu’ici dans ces projets de lois ne protègent pas la France d’un scandale à l’anglaise qui a été très traumatisant pour la démocratie britannique et qui ne put se régler qu’en levant le voile sur les notes de frais des élus.

La transparence est donc un impératif prioritaire sur le sujet du remboursement des frais.

La transparence au moment de la demande de remboursement pourra de plus rendre le contrôle plus efficace : un parlementaire sachant que sa dépense sera rendue publique sera sans doute encore plus attentif à la légitimité de ses demandes. De plus, la transparence permettra, grâce à d’éventuels doutes soulevés par la société civile, d’accompagner et guider le contrôle afin d’identifier les problèmes potentiels, d’offrir un contrôle du contrôleur, et donc de réellement rétablir la confiance. Cette alliance entre organisme de contrôle parlementaire et société civile peut permettre d’alléger les frais administratifs nécessaires à ce contrôle.

Enfin une publication au fil de l’eau du détail des remboursements permettra de limiter les opportunités d’aubaine médiatique. Si une publication annuelle est retenue, il est quasiment certain que tous les médias traiteront de la question des frais mis à disposition des parlementaires au même moment. Une publication en Open Data dès la demande de remboursement permettra de lisser les traitements médiatiques.

Enfin, il faut veiller à inclure les crédits informatique et transport dans les vérifications. La publication par Médiapart des demandes de remboursement de dépenses informatiques d’une députée a montré que ce crédit peut mener à des abus : elle a fait acheter un ordinateur à sa fille avec le crédit informatique.

Encadrement des conflits d’intérêts au parlement

C’est un bon point du texte, mais nous aimerions une homogénéité des dispositions en matière de conflits d’intérêts entre le Sénat et l’Assemblée. Il faut donc plus de détails : les citoyens ne comprendraient pas que des règles de lutte contre les conflits d’intérêts soient appliquées dans l’une des deux chambres et pas dans l’autre.

De plus, il faut là aussi assurer la transparence et informer les citoyens sur les règles en vigueur et les décisions prononcées.

Enfin, l’omission, dans la définition, des conflits d’intérêts entre public et public pose problème : il n’y a pas lieu de faire une différence entre des parlementaires ayant des carrières dans le privé et d’autres ayant exercé dans le public. Les parlementaires issus des grands corps de l’État sont plus sujets à la problématique du pantouflage, une forme de conflit d’intérêt, il est donc important qu’ils soient soumis comme ceux ayant fait carrière dans le privée aux règles contre les conflits d’intérêt.

Réserve parlementaire

En supprimant la réserve parlementaire, le PJLO supprime également la transparence de son attribution, votée au Sénat à la suite d’un long combat au contentieux mené par un citoyen. Il apparaît essentiel de conserver la transparence de l’attribution de cette dotation d’action parlementaire, au moins de manière transitoire si le choix de la suppression totale de ces subventions est retenu.

Par ailleurs, le cas de la réserve ministérielle n’est pas traité. Une étude récente de Public Sénat montre que le Ministre Cazeneuve en a fait un usage très politique favorisant son département et certains élus de son parti. Il faut donc inclure la réserve ministérielle dans les dispositions proposées par le gouvernement.

En conclusion : la transparence du gouvernement !

Nous aurions beaucoup de choses à suggérer sur :

  • la transparence financière du Parlement, celle des délégations de vote ou l’usage des votes de groupe au Sénat (qui est rappelons-le contraire à la Constitution et son article 27) ;
  • la promesse non-tenue du Ministre Sapin faite devant le parlement de publier les champs d’actions des lobbyistes et leurs rendez-vous ;
  • le pantouflage, au sujet duquel la transparence de la commission de Déontologie fait notamment défaut.

Mais, pour conclure, peut-être les sénateurs peuvent-ils initier également la transparence du gouvernement ! Une proposition simple en la matière repose sur la transparence des décisions de l’exécutif et notamment la publicité des délibérations interministérielles, là où peuvent se comprendre les rouages décisionnels pour beaucoup de dispositions législatives et réglementaires. Ces délibérations sont exclues des dispositions relatives aux documents administratifs (elles sont prévues à l’alinéa a) du 2 de l’article L 311-5 de du CRPA). N’hésitez pas à supprimer cette exception : les dispositions liées au secret défense (prévues au b) de l’article L311-5) et à la non communicabilité des documents préparatoires à une décision (article L311-2) protègent déjà le gouvernement du risque d’une quelconque ingérance pendant le processus de prise de décision.

vendredi 5 mai 2017

Regards Citoyens se félicite de la publication du décret « relatif aux licences de réutilisation à titre gratuit des informations publiques et aux modalités de leur homologation ». Aboutissement d’une demande du CNNum et de notre association dans le cadre de la loi Numérique, ce décret vient officialiser et stabiliser le paysage juridique de l’Open Data Français en reconnaissant comme seules licences valables pour l’administration, la Licence Ouverte et la Licence ODbL.

Étalab a profité de cette publication pour rendre publique une nouvelle version de la Licence Ouverte, licence utilisée par un très grand nombre d’administrations et de réutilisateurs. Contrairement à la version temporaire présentée par la DINSIC et Étalab, que nous avions vivement critiquée il y a quelques semaines, cette nouvelle version a fait l’objet d’un processus de consultation ancré dans une véritable volonté de respect des principes de l’Open Data. Nous nous réjouissons qu’Étalab sous la direction de la DNSIC ait eu le courage de revoir sa copie.

Qu’apporte cette nouvelle version ?

  • Une réorganisation de la licence supposée propice à une meilleure compréhension par les institutions devant l’utiliser pour publier en Open Data, notamment en remplaçant le terme « Producteur » par « Concédant ».
  • Retirée de la version temporaire de la licence, la garantie d’absence de barrières juridiques liées à la présence de droits de tiers a bien été conservée cette fois.
  • Une nouvelle garantie liée à la présence possible de données à caractère personnel a été introduite.

Malheureusement la formulation retenue pour ce dernier point reste selon notre interprétation trop imprécise : elle pourrait laisser croire à une administration qu’il serait possible de publier sous Licence Ouverte des données qui porteraient en fait atteinte à la vie privée. Nous avons toutefois reçu la garantie que, si des données contenant des éléments à caractère personnel étaient ouvertes avec cette licence, il s’agirait nécessairement de données dont le statut assure qu’aucune entrave ne pourrait être portée à leur réutilisation. Sous ce prisme, la Licence est donc compatible avec la définition d’une licence Open Data (régie par l’Open Definition). Aucune donnée liée à la vie privée des citoyens ne pourra donc être libérée sous Licence Ouverte. Cette clause ne pourra être utilisée que pour des données revêtant un intérêt général fort comme celles liées à la transparence ou la probité des décideurs publics ou de leurs actions (données parlementaires, conflit d’intérêts, pantouflage, corruption, confiance…). En contrepartie de cette libre réutilisation, les devoirs des réutilisateurs comme notamment leurs obligations déclaratives ont été rappelés et précisés d’un exemple.

En tenant compte cette fois publiquement des contributions et analyses citoyennes, cette nouvelle version de la Licence Ouverte aura permis de recréer du commun entre Étalab et les communautés Open Data, malheureusement sans assurer pour autant une meilleure sécurité juridique des données publiées. C’était sans doute un passage obligé pour que plus de données publiques soient libérées et que leur partage et mise en commun alimente la confiance au sein de la société française.

mercredi 22 mars 2017

11 avril 2017 : Suite à notre réaction et aux différents échanges que nous avons eu avec eux, Étalab a ouvert à discussion une nouvelle version de la Licence Ouverte. Pour y participer jusqu’au 17 avril 2017, c’est ici.


La page dédiée à la Licence Ouverte sur le site d’Etalab

Etalab a fait disparaître lundi 20 mars au soir de son site la principale licence Open Data française pour la remplacer par un document incompatible avec les principes de l’Open Data : restrictions à la réutilisation, soumission des réutilisateurs à des obligations administratives, risques de censure… Les pires démons anti Open Data font ainsi leur entrée par la grande porte dans la politique française d’ouverture des données publiques. Quel triste bilan pour Henri Verdier, la DINSIC et la mission Etalab en cette fin de mandature.

Une licence Open Data est un contrat précisant les conditions de mise à disposition et de réutilisation des données. Son principe est de garantir des libertés aux réutilisateurs et de leur assurer une sécurité juridique pour leur permettre de se soucier avant tout du développement de leur application, de leur visualisation de données ou des connaissances qu’ils en tirent plutôt que d’entrer dans de complexes et pénibles analyses juridiques. Alors que c’était le cas avec la Licence Ouverte introduite en 2011 par Etalab, c’est aujourd’hui l’exact inverse avec cette Licence « Open Data Washing » 2017 produite par Etalab et la DINSIC.

Des milliers de jeux de données publics orphelins

Modifier une licence n’est jamais une mince affaire. Cela suppose de maintenir et spécifier les différentes versions, d’assurer la compatibilité entre elles et de proposer à chaque producteur d’évoluer vers les nouvelles versions. Une licence est un texte juridique figé. En aucun cas, l’auteur d’une licence ne peut décider unilatéralement de modifier a posteriori les termes de ce contrat, et ainsi engager malgré eux les producteurs de données qui ont publié des jeux de données sous la précédente version du texte.

En supprimant purement et simplement l’existant au profit d’une licence toute autre, Etalab lâche en plein vol tous les utilisateurs de la Licence Ouverte 2011, et crée ainsi une incroyable insécurité juridique pour tous les producteurs et les réutilisateurs des données sous cette licence. Ce texte était pourtant reconnu depuis 6 ans par la communauté nationale comme internationale et était employé quasi-systématiquement par les administrations.

Ce sont donc pas moins de 20 000 jeux de données sur data.gouv.fr, sans compter les nombreux producteurs de données référencés ailleurs, qui se retrouvent aujourd’hui orphelins de toute licence.

En ajoutant des clauses périssables sur les données à caractère personnel et en offrant la possibilité à des acteurs privés de censurer des réutilisations de données publiques, les autorités françaises se coupent de toute compatibilité avec les licences internationales existantes et referment de fait leur Open Data.

Dorénavant, dès que des données publiques toucheront de près ou de loin à un marché public, à une délégation de service public, à la lutte contre les conflits d’intérêts ou au contrôle du travail des élus, le signal de la part d’Etalab est clair : les citoyens pourront être facilement intimidés. Ceci est très inquiétant à l’heure ou le débat politique se porte largement sur l’éthique et la probité.

Une décision autoritaire imposée sans aucune concertation

Cette décision de supprimer la Licence Ouverte est d’autant plus incompréhensible qu’elle s’est déroulée dans l’absence totale de concertation avec les producteurs et la société civile. Parmi nos différents contacts experts des aspects juridiques de l’Open Data et interlocuteurs réguliers d’Etalab, aucun n’a été sollicité pendant le processus de prise de décision. L’oubli d’un mot dans le texte même du dispositif (« dans conditions exprimées ») dénote l’absence de travail sérieux pour un texte avec un tel enjeu.

Au sein de la DINSIC, Etalab est censée être chargée de mener la politique d’Open Data, c’est-à-dire d’ouverture et de réutilisation des données publiques. Pourtant, depuis de nombreux mois, Etalab a délaissé cette mission pour se concentrer uniquement sur des opérations de communication autour du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert ou l’organisation de diverses consultations, qui épuisent la société civile autour d’hypothétiques promesses sans aucune application directe au lieu de la solliciter sur les changements concrets immédiats. Après ces longs mois passés à travailler exclusivement sur le gouvernement ouvert, Etalab ne semble rien avoir appris de ses principes, et bouleverse unilatéralement un document pourtant unanimement accepté.

Alors que le gouvernement ouvert et les Civic Tech étaient beaucoup moins à la mode, la Licence Ouverte 2011 avait pourtant fait l’objet d’un processus de concertation avec les producteurs de données publiques comme avec la société civile pour offrir un cadre juridique respectueux des attentes de chacun. C’est sans doute pour cela qu’elle a été massivement utilisée, par les acteurs publics comme par des entreprises, des journalistes, des chercheurs, des organisations à but non lucratif et des citoyens.

Cet épisode illustre tristement la fin de mandature du Gouvernement français en matière d’Open Data et de Gouvernement Ouvert. Ces thèmes ne sont plus vus que comme des gimmicks de communication couvrant une politique d’abandon des principes d’ouverture.

Un sursaut indispensable avant le décret entérinant les licences officielles

Nous invitons Etalab et la DINSIC à reconsidérer au plus vite cette grave entorse à la politique Open Data française, et nous appelons Christophe Sirugue et Jean-Vincent Placé à différer la publication du décret d’application de l’article L. 323-2 de la Loi Numérique prévu pour le printemps censé définir les licences officielles de l’administration.

Pour commencer, il est indispensable de republier en ligne la Licence Ouverte 2011 à l’adresse permanente déjà référencée partout sur la toile. Si véritablement certains points devaient être revus au sein de cette version, il conviendra dans un second temps d’entamer un véritable processus de concertation avec l’ensemble des acteurs comme cela avait été le cas en 2010.

D’ici là, nous enjoignons l’ensemble des producteurs de données et réutilisateurs à continuer à se référer à la Licence Ouverte 2011, heureusement préservée dans les archives des Internets, dans sa version française comme anglaise.

La licence Open Data Washing 2017 : de nombreux bugs juridiques

Alors que l’ouverture de data.gouv.fr à tous les producteurs, publics comme privés, faisait jusqu’alors la fierté d’Etalab, l’abandon du terme « Producteur » au profit d’ « Administration » dans cette licence est particulièrement révélateur du repli de la DINSIC sur elle-même, en niant tous les producteurs et réutilisateurs non administratifs qui s’appuyaient sur un document juridique fiable.

Des clauses « données à caractère personnel » quasi-obsolètes

Alors que la loi Numérique a supprimé certaines des restrictions relatives à la réutilisation de données à caractère personnel, Etalab et la DINSIC décident sans aucune concertation d’aller à contre-sens de ces évolutions. La Licence Ouverte 2011 posait le principe de la liberté de réutilisation. Cette nouvelle licence vient à l’inverse faire peser sur les réutilisateurs une charge juridique complexe : celle de déterminer si un jeu de données contient ou non des données à caractère personnel. À défaut de pouvoir le déterminer, le réutilisateur devra se soumettre à une obligation de déclaration administrative auprès de la CNIL.

Et ceci alors même que l’obligation de déclaration va disparaître d’ici quelques mois. Le futur cadre juridique en matière de données à caractère personnel substitue en effet au système déclaratif une démarche « responsable » : le responsable de traitement devra être en mesure de démontrer à son autorité de contrôle qu’il se conforme à ses obligations en matière de protection des données personnelles. Pour respecter l’objectif pretexté par Etalab d’assurer l’évolution de la licence avec la legislation courante, celle-ci devra donc nécessairement être de nouveau modifiée d’ici mai 2018 pour s’adapter à cette nouvelle législation, créant encore une nouvelle licence et amplifiant ainsi l’insécurité juridique.

Des acteurs privés dans le rôle de censeurs de l’Open Data

Alors que la loi Numérique apportait quelques progrès pour les données détenues par des organismes privés chargés de missions de service public détenant des droits de propriété interllectuelle, le document publié par Etalab n’en tient pas compte. Pire, la sécurité juridique apportée par la Licence Ouverte 2011 en matière de propriété intellectuelle est tout simplement supprimée. Le document juridique publié par Etalab sera désormais inapplicable lorsque l’administration est en conflit avec ses agents publics (comme pour la base Mérimée du ministère de la culture) ou lorsque les données sont produites par des acteurs privés ou para-publics.

Entreprises ou associations productrices de données qui souhaiteraient utiliser cette nouvelle licence devront y associer une autorisation complémentaire explicite pour rendre les données associées réutilisables en Open Data. De quoi dénaturer totalement le rôle d’une licence de réutilisation de données publiques…

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