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vendredi 25 novembre 2016

Les consultations citoyennes sont souvent utilisées par des acteurs privés et publics comme des outils de communication ou de lobbying, dans le but d’asseoir leur légitimité ou d’influencer l’opinion. À quelles conditions une consultation citoyenne peut-elle devenir un authentique outil démocratique ? Quelles procédures, quels dispositifs et quels garde-fous doivent être mis en place pour garantir cette finalité ? La réutilisation des données issues de la consultation peut-elle permettre d’éviter ces types de biais ou, a minima, de les rendre visibles ?

Voici les questions auxquelles ont essayé de répondre nos trois organisations (Regards Citoyens, FaisTaLoi.org et DemocracyOS France), en tant que membres du comité de suivi et de contrôle de la consultation sur l’impact de la loi Égalité Femmes / Hommes organisée par l’Assemblée nationale. Nous avons ainsi rédigé une note d’analyse décrivant la méthodologie mise en place pour l’évaluation de cette consultation ainsi que nos principaux résultats. Cette note a été communiquée au comité d’évaluation qui le publiera en annexe de son rapport final. Nous publions également les données produites par l’analyse communautaire des contributions.

Lors de ce travail, deux objectifs nous sont apparus importants afin que cette consultation citoyenne puisse refléter de manière la plus objective possible les avis citoyens.

Premier objectif : s’assurer que l’ensemble des avis formulés par les citoyens consultés soient effectivement lus et analysés. Pour ce faire, nous avons développé et ouvert une plateforme d’analyse collaborative des contributions diffusées en OpenData par l’Assemblée. Un peu plus de 400 citoyens se sont prêtés au jeu et ont analysé chaque contribution entre 3 et 11 fois afin de faire émerger les témoignages ou idées qu’ils ont jugés les plus pertinents.

Cet exercice a démontré l’extrême difficulté d’extraire des éléments objectifs, à partir des points de vue recueillis. Comme pour nos autres opérations de crowdsourcing, nous avions décidé de valider l’analyse d’une contribution une fois seulement qu’au moins 3 utilisateurs différents l’avaient évalué à l’identique. Malgré notre volonté d’offrir une grille d’analyse la plus objective possible, cette règle n’a cependant permis de valider que 40 % des analyses, du fait de l’extrême difficulté à surmonter les nombreux biais qualitatifs individuels. 80 contributions d’intérêt sur 900 ont tout de même pu être identifiées grâce à cette méthodologie.

Second objectif : s’assurer que la consultation n’ait pas été instrumentalisée par tel ou tel groupe d’intérêt et identifier les thèmes sur lesquels des avis très opposés se forment. En effet, identifier les communautés qui répondent à une consultation et évaluer le degré d’engagement de leurs membres est un enjeu majeur pour un décideur public soucieux de prendre en compte l’avis du plus grand nombre.

Contrairement à ce que pouvait laisser penser le thème, le sexe déclaré des répondants ne révèle pas de véritable impact sur les réponses apportées par les contributeurs. De même, alors que des thématiques de cette consultation auraient pu paraitre très clivantes, les avis recueillis sont assez homogènes : la majorité des dispositions de la loi Égalité Femmes / Hommes sont jugées améliorables ou peu satisfaisantes.

Les apprentissages offerts par les analyses de cette consultation vont désormais permettre aux députés membres du comité d’évaluation de prolonger leur travail de contrôle : notamment en se rapprochant des différentes communautés qui se sont exprimées lors de cette consultation, en évaluant la faisabilité des améliorations proposées et en trouvant les faits à l’origine des problèmes remontés.

Des membres de nos associations seront présents lors de l’Open Data Camp organisé à l’Assemblée ce samedi 26 novembre. Ils seront ravis de détailler ou de prolonger ces analyses avec les autres participants.


Lire l’analyse de la consultation Égalité Femmes / Hommes
Accéder aux données d’analyse produites par la plateforme d’analyse communautaire

 

 

mardi 11 octobre 2016

L’Assemblée nationale a mis en ligne une consultation afin d’évaluer l’efficacité de la loi sur l’égalité femmes / hommes. Dans ce questionnaire essentiellement à choix multiples, 5 questions qualitatives proposent aux citoyens de présenter par écrit des remarques, analyses, exemples ou ressentis personnels.

Les précédentes expériences de consultations citoyennes (« Droits des malades et fin de vie » organisée par l’Assemblée, « Republique numérique » organisée par le Gouvernement…) ont montré qu’il était encore difficile pour les parlementaires, le gouvernement et leurs services respectifs de lire et d’analyser un grand nombre de contributions textuelles dans un temps très court. Cela représente de très longues heures de travail.

En partenariat avec Democracy OS France et FaisTaLoi, Regards Citoyens propose à tout citoyen de participer au processus d’analyse et d’exploitation de ces contributions qualitatives afin de s’assurer que tous les propos seront lus et évalués. En incluant les citoyens au cœur du processus consultatif, cette première expérimentation de crowdsourcing au service du Parlement vise à venir en aide aux députés et aux administrateurs de l’Assemblée en leur facilitant la tâche de catégorisation et d’identification des différents types de contenus.

Les conclusions de ce travail collectif seront remises aux députés de la mission d’évaluation en charge de la consultation, à ses rapporteurs (Sébastien Denaja et Guy Geoffroy) et au président de la commission des lois (Dominique Raimbourg), le 25 octobre 2016, lors d’une audition organisée à l’Assemblée.

Participer à l’analyse de la consultation

mardi 27 septembre 2016

Communiqué de Regards Citoyens le 27 septembre 2016

Regards Citoyens se réjouit des avancées positives apportées par les parlementaires au Projet de loi pour une République numérique qui sera définitivement adopté ce mercredi 28 septembre après le vote final du Sénat. À l’initiative du député rapporteur Luc Belot, la loi introduit notamment un droit à l’Open Data. Cette disposition défendue par notre association notamment lors de la consultation numérique permettra aux citoyens de demander l’intervention du tribunal administratif lorsqu’une administration refuse la publication de données publiques. La politique d’Open Data volontaire défendue par les gouvernements successifs depuis 2012 et entérinée avec cette loi se voit donc renforcée par un dispositif d’Open Data à la demande directement activable par les citoyens.

Le texte marque également plusieurs avancées directes pour l’Open Data, à commencer par l’ouverture des données de l’INSEE sur les entreprises, de celles des délégataires de services publics, des données ayant un intérêt économique, social ou environnemental, ou encore d’une partie de la jurisprudence. Le texte impose également le recours à des formats ouverts pour ces données et limite le nombre de licences à associer aux données. Ces éléments devraient faire entrer l’Open Data français dans une nouvelle phase, celle de l’Open Data structurel où la publication de données publiques n’est plus un simple outil de communication mais constitue un véritable axe de service public à l’ère numérique.

Malheureusement, certaines administrations restent exclues de cette mue d’une démocratie de papier à une démocratie numérique : les petites collectivités, les administrations soumises à la concurrence et les archives continueront à faire exception à la transparence démocratique. Espérons que les agents qui animent ces services publics finiront par obtenir l’opportunité de monter dans le train de l’Open Data à temps.

La fabrique de cette Loi Numérique fut une expérience intéressante : si le gouvernement n’a pas réellement suivi les résultats de la consultation qu’il a organisée, il a réussi à créer les conditions pour que ce travail alimente les parlementaires, qui sur des sujets comme l’Open Data, le logiciel libre, les productions scientifiques ou le data mining ont su grandement améliorer les dispositions retenues par l’exécutif. Malheureusement, cette expérience d’ouverture aux citoyens et de co-construction parlementaire reste bien timide et isolée entre les textes promulgués en 48 heures ou via l’utilisation répétitive de l’article 49-3.

mardi 2 août 2016

Le gouvernement a publié, ce week-end, le décret d’application de la loi relative à la gratuité et aux modalités de la réutilisation des informations du secteur public dite « loi Valter ». Ce décret « Placé » est très en-deçà des engagements pris par le secrétaire d’État chargé de la réforme de l’État. Il consacre la volonté de l’Administration de pouvoir continuer à contrôler des données publiques importantes et limiter leur utilisation par les citoyens.

Alors que le gouvernement avait envoyé un signal fort lors de l’examen en commission des lois à l’Assemblée nationale du projet de loi pour une République numérique, en supprimant notamment les redevances sur la base SIRENE (registre des entreprises), et que Jean-Vincent Placé avait promis une cohérence entre ce décret et l’avancement du projet de loi pour une République numérique, le secrétaire d’État a choisi la frilosité. Il a donc tout à fait raison de vouloir cacher cet abandon en publiant ces dispositions en plein été.

Plutôt que de profiter d’une opportunité pour mettre fin à quelques licences dont celles du SHOM sur les horaires des marées ou les cartes marines ou de l’IGN concernant les données territoriales, toutes les redevances discriminantes envers les citoyens sont entérinées. Une disposition emblématique de la frilosité de l’exécutif est le toilettage du décret DILA de 2002 sur les données juridiques : s’il met fin à la nécessité d’une convention « engagements fiabilité des données réutilisées » le décret conserve la disposition autorisant cette administration à interdire de manière discrétionnaire la réutilisation des données et informations juridiques (l’alinéa 2 de l’article 4), une disposition en complète contradiction avec les principes de l’Open Data sur laquelle nous alertons la DILA, Etalab et les services du secrétaire d’État depuis maintenant 2 ans.

Pire, la disposition injuste sur les données statistiques détenues par les notaires est renforcée. La seule mise à disposition d’informations publiques qui devienne gratuite, à savoir celle de documents administratifs notariaux, est non seulement non applicable (l’arrêté d’application n’est toujours pas publié) mais aussi incompatible avec l’Open Data : tout partage de ces informations est explicitement exclu.

Après le décret du 17 mars 2016 renforçant les pouvoirs du COEPIA, une administration moribonde en matière d’informations publiques, Jean-Vincent Placé, pourtant peu avare de communication en la matière, ne démontre clairement pas une grande aptitude à faire avancer concrètement les dossiers Open Data, alors que les attentes de la société civile en la matière sont très fortes, à plus forte raison à l’approche du sommet sur le Gouvernement ouvert.

mercredi 20 avril 2016

En plein Panama Papers, le rapporteur du projet de loi numérique au Sénat, Christophe-André Frassa, a réussi à restreindre gravement les ambitions de transparence de ce texte. La commission des lois a ainsi adopté des dispositions très inquiétantes en matière de publication et réutilisation des données publiques, notamment la reconnaissance pour les administrations et les délégataires de service public d’un droit au « secret des affaires ».

Avec l’adoption de son amendement 233, l’article L311-6 de loi CADA indique maintenant : « Ne sont [pas] communicables […] les documents administratifs […] dont la communication porterait atteinte […] au secret des affaires ». Citoyens, journalistes ou associations n’auront donc plus du tout accès aux documents décrivant les dessous d’un partenariat public privé, ceux d’un marché public, les contrats commerciaux d’administrations comme l’IGN avec Google ou Microsoft, ou encore les informations liées au bon fonctionnement des services de transport en commun.

Avec l’adoption de ses amendements 229 et 226, le rapporteur a également gravement entravé les progrès obtenus par les députés en matière d’ouverture des données publiques. Les demandes de publication en Open Data prévues à l’article 1 ter pourront désormais être refusées de manière totalement discrétionnaire sous l’argument bien peu normatif de nécessiter un mystérieux nombre « significatif » de citoyens demandeurs.

De même alors que le Gouvernement et l’Assemblée étaient tombés en accord sur la nécessité pour les données publiques d’être mises à disposition sous des formats ouverts, M. Frassa a détruit la portée de cette mesure en la rendant seulement « si possible », argument qui sera invoqué à tout bout de champ par les administrations récalcitrantes et empêchera toute exploitation des données publiées sous des formats propriétaires.

Au total plus de 15 amendements LR, UDI et non inscrits ont été adoptés par la commission des lois sur les articles 1 à 10, limitant considérablement le droit des citoyens à accéder et réutiliser les documents et données produits par les services publics et notamment les Archives.

Regards Citoyens appelle donc l’ensemble des sénateurs à se ressaisir en revenant sur ces dispositions qui nuisent gravement à la liberté d’information.

Nos propositions d’amendements sont à la disposition des sénateurs et de leurs équipes :

mercredi 30 mars 2016

En démocratie, faire part de son point de vue auprès des décideurs publics devrait être normal dès lors que la transparence et le pluralisme sont assurés. En France, ce n’est malheureusement pas le cas. Le projet de loi Corruption présenté ce matin par le gouvernement était l’occasion de répondre aux espérances des institutions spécialisées dans la lutte contre la corruption [1] comme de la société civile [2]. Il est malheureusement très loin des attentes en matière de transparence et de réglementation du lobbying. Après plusieurs dizaines d’années d’inaction, il est temps que le législateur s’empare de la question du lobbying de manière ambitieuse.

Si le gouvernement veut confier à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) un registre du lobbying, il n’est prévu en réalité pour celui-ci qu’une simple liste de noms dépourvue de toute information réelle sur les activités ou moyens des lobbyistes. Discrétionnaire, ce registre n’incluera par ailleurs aucun acteur public ou syndicat, acteurs pourtant au cœur de l’accompagnement législatif en de nombreux domaines. Autant dire que le gouvernement souhaite faire de la HATVP l’éditeur d’un annuaire commercial offrant des espaces publicitaires à quelques cabinets « experts de l’influence ».

Comme en témoignait notre étude réalisée avec Transparency International France en 2011, le lobbying doit non seulement être réglementé, mais les acteurs du lobbying doivent jouer le jeu de la démocratie en déclarant de manière obligatoire et transparente leurs moyens, leurs activités et leurs sources de financement. Plusieurs de ces recommandations sont déjà en place au Parlement Européen, au Québec ou même à l’Assemblée nationale française. Pourtant la cible des plus nombreux lobbyistes, l’exécutif et les administrations centrales devraient-ils se contenter d’une coquille vide ?

Alors que plus de 80 000 citoyens ont apporté leur soutien à la pétition « Pour que les pratiques des [lobbys] soient strictement encadrées » lancée il n’y a que quelques semaines, Regards Citoyens appelle les parlementaires à se saisir du projet de loi Sapin pour imposer à l’exécutif une réglementation stricte du lobbying associée à un registre public obligatoire et exhaustif contenant activités et dépenses.

Notes :

[1] Le Service Central de la Prévention de la Corruption a alerté à plusieurs reprises des « dangers d’instrumentalisation de la décision publique par le lobbying » (rapport annuel 2001 citant ceux de 1994 et 2000). Quant au rapport Nadal, il recommandait la « création d’un registre obligatoire » faisant « apparaître l’empreinte normative ». Enfin, la nécessité de définir la représentation d’intérêts est l’un des 10 principes pour la transparence promulgués par l’OCDE.

[2] « Il est temps de réglementer le Lobbying » appel d’une trentaine d’associations et lanceurs d’alerte initié par Regards Citoyens en 2013 ; « Pour un registre obligatoire des lobbyistes en Europe ! » appel de près de 300 ONGs européennes et plus de 3000 citoyens initié par AlterEU.

vendredi 15 janvier 2016

Dégringolade au classement Open Data Index (de la 3ème à la 10ème place), transposition au rabais de la directive sur les données publiques ou réaffirmation des redevances pour l’IGN et le SHOM : la France faisait pâle figure en matière d’Open Data depuis quelques mois. Le projet de loi sur le numérique va peut-être lui faire reprendre quelques couleurs.

Après plus de 17 heures de travaux, la commission des lois a en effet voté une série de très bonnes dispositions notamment grâce aux amendements proposés par le rapporteur Luc Belot, les députés écologistes Isabelle Attard et Sergio Coronado, le républicain Lionel Tardy et le socialiste Christian Paul.

Comme nous l’avions suggéré lors de la consultation publique, le projet de loi modifié propose désormais un droit ouvert à tout citoyen à l’Open Data : la commission a adopté la possibilité pour tout un chacun de demander la publication en Open Data des jeux de données publiques détenus par une administration. Épaulé par la Commission d’Accès aux Documents Administratifs, le citoyen pourra faire condamner l’administration qui refuserait d’accèder à sa demande.

D’autres très bonnes avancées ont été votées comme la systématisation des formats ouverts pour l’Open Data ou la libération du registre des entreprises (base SIRENE).

Regards Citoyens appelle donc les députés à confirmer en séance ces avancées et à profiter des discussions pour les améliorer en élargissant les dispositions de transparence aux partenariats publics privés, aux archives nationales, à l’IGN, aux avis du Conseil d’État, aux documents parlementaires ou aux délibérations du gouvernement, et à soutenir les amendements visant la reconnaissance des biens communs informationnels.

Consultez nos propositions d’amendement pour la séance publique au format pdf ou copier/collable

jeudi 1 octobre 2015

Éclipsée par la communication du gouvernement sur sa consultation numérique, l’information est passée totalement inaperçue de beaucoup : le Parlement se penche en ce moment même sur la transposition de la directive européenne relative aux données publiques. Ce texte, discuté mardi 6 octobre en hémicycle à l’Assemblée, est l’occasion parfaite pour faire avancer concrètement l’Open Data : comme l’a rappelé le Conseil d’État dans son avis au Gouvernement, « la directive […] établit des règles […] fixées comme des plafonds ou des objectifs minimas ». En clair, tout ce qui est favorable à une politique de libre réutilisation des données publiques entre dans le cadre de la transposition de cette directive.

Mais à l’inverse d’autres États européens, la France ne semble plus vouloir de politique ambitieuse en matière d’Open Data. Comme nous l’avions dénoncé cet été, le projet de loi présenté par Clotilde Valter n’était pas seulement une transposition « a minima », mais bien « au pire » : le texte proposé n’entérinait pas moins que le premier recul français en matière d’Open Data depuis ses débuts en France. Depuis 2011, un moratoire sur les redevances pour données publiques a été instauré et la création de toute nouvelle redevance devait faire l’objet d’un décret spécifique du Premier Ministre. La copie initiale du Gouvernement revenait sur cette disposition cruciale, en autorisant par un unique décret des catégories d’administrations à créer à souhait des redevances, c’est-à-dire à empêcher l’accès et la réutilisation de données publiques par la majorité des citoyens. De plus, alors que la mission Etalab joue depuis 4 ans un rôle de plus en plus central — jusqu’à être consacrée en 2014 par la loi Thévenoud — elle est totalement exclue des nouveaux dispositifs envisagés par le Gouvernement.

Le travail de la commission des lois à l’Assemblée a permis d’améliorer le texte en matière de redevances : pour les administrations de l’État, l’obligation d’un décret par nouvelle redevance est réaffirmé dans la loi et bénéficiera désormais de l’avis de la CADA. Ce progrès ne concerne toutefois pour l’instant pas les autres personnes morales de droit public, ni les organismes de droit privé chargés d’une mission de service public, qui peuvent toujours fixer leurs redevances sans contrôle.

Le rapporteur Luc Belot est à l’origine d’une autre avancée de la commission : le principe d’une communication des documents publics dans un format ouvert. Mais, là encore, le Gouvernement est resté dans son rôle de préservation des intérêts anti-Open Data en rendant facultative cette disposition. Cette avancée est par ailleurs circonscrite à l’article 10 de la loi CADA, alors qu’elle devrait concerner l’ensemble des documents communiqués à la suite d’une requête, c’est-à-dire tous ceux couverts par l’article 4 de la loi de juillet 1978 comme le proposait le groupe Écologiste.

Si Regards Citoyens salue ces timides avancées, nous ne pouvons que déplorer la convergence manifeste vers une transposition minimaliste de la directive, ancrant dans la loi un recul pour l’Open Data en France. Les dispositions adoptées par la commission des lois ne sont clairement pas au niveau de ce que le citoyen est en droit d’attendre après la publication du plan d’action national pour l’Open Government Partnership que la France est censée présider l’an prochain. Les institutions européennes encourageaient les États membres à jouer un rôle moteur et novateur pour faire accélérer l’Open Data : ce texte minimaliste ne permet pas d’atteindre ces objectifs.

C’est pour cette raison que nous avons plaidé lors de notre audition auprès du rapporteur Luc Belot pour plusieurs améliorations. Nous reprécisons et complétons ces propositions à l’attention de tous les parlementaires :

  • Un droit à l’Open Data pour tous les citoyens : le droit d’accès aux documents administratifs est consacré dans le droit français depuis 1978 ; à l’heure du numérique, il est grand temps qu’un droit équivalent soit accordé aux citoyens souhaitant demander aux institutions la publication en Open Data de données publiques identifiées et leur mise-à-jour fréquente et régulière. Cette disposition permettrait, au surplus, de faire réaliser des économies aux administrations en leur évitant d’avoir à répondre à des demandes multiples visant les mêmes informations ;
  • Inclure dans l’OpenData les délégataires de services publics ainsi que les établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) : de nombreux acteurs semi-publics, tels que la SNCF ou encore Vélib’, produisent des données publiques essentielles pour le citoyen mais sont présentement exclus du cadre de la loi de juillet 1978. Il convient de lever ces exceptions à l’article 6 de la loi CADA et d’imposer à tout contrat public une clause garantissant l’ouverture des données générées ;
  • Rendre obligatoire la publication de données publiques sous format ouvert et lisible par les machines : l’Open Data consiste à permettre la réutilisation des données publiques. Or la mise à disposition via l’article 4 de la CADA de documents scannés ou enfermés dans des formats propriétaires empêche le traitement automatisé de ces informations. Un autre bénéfice de l’Open Data est d’offrir une meilleure communication interne pour les administrations : avoir recours à des formats ouverts et lisibles par les machines fera faire des économies aux administrations réutilisatrices des données, dont l’essentiel des coûts de réutilisation est lié à la mise en cohérence des formats et à l’automatisation des imports ;

    Mise à jour 19/10/2015 : Suite à la discussion en hémicycle à l’Assemblée, le gouvernement a choisi d’ignorer le format principalement utilisé par les réutilisateurs de données publiques : le format CSV. Plutôt que d’utiliser la formulation Standard Ouvert, le texte devrait faire référence à Format Ouvert.

  • Confier à Etalab la responsabilité des licences associées aux données : comme l’illustre encore la plateforme ouverte cette semaine par InfoGreffe, l’un des principaux freins à l’Open Data est la multiplication des licences associées aux données. Etalab ayant acquis une grande expertise en matière de licences et ayant créé l’une des deux licences les plus utilisées en France et reconnues à l’international, elle est plus que légitime pour assurer ce contrôle ;
  • Limiter à 5 ans la portée des décrets régulant les redevances : afin d’assurer la transition progressive d’un modèle dépassé, celui des redevances, vers celui du monde numérique, il est important que le recours aux redevances ne soit pas illimité. Une révision tous les 5 ans semble donc un moyen efficace de permettre cette transition ;
  • Coupler la mise en place ou le maintien de toute redevance à une alternative communautaire : l’Open Data n’est pas incompatible avec la préservation d’un certain modèle économique, la gratuité n’est que la conséquence d’un principe de non-exclusion économique qui peut être respecté en proposant deux modèles parallèles : l’un fermé et payant, l’autre ouvert et associé à une obligation de repartage. Le modèle contributif, par le recours à la licence de « partage à l’identique » (ODBL) est utilisé dans beaucoup de collectivités et devrait être le modèle à associer aux redevances. Il permettra de ne pas exclure les citoyens de la réutilisation des données tout en faisant payer les acteurs et clients existants qui se refusent à rentrer dans un modèle de partage réciproque de leurs données ;
  • Supprimer le droit d’auteur des fonctionnaires : ce concept peu respectueux de la notion de service public a été introduit en 2006, sans que les décrets d’application aient été publiés. Il convient donc de supprimer cette disposition, qui n’a pas trouvé à s’appliquer effectivement et dont l’existence pose régulièrement problème dans l’établissement de politiques Open Data, à l’instar de la base Mérimée recensant des édifices dans lesquels peuvent être conservées des œuvres mobilières ;
  • Limiter à 5 ans les accords d’exclusivités : le projet prévoit que des sociétés puissent être les seules à exploiter des données publiques pour une durée allant de 10 à 25 ans. Exclure d’un bien commun les citoyens pour une si longue durée n’est pas acceptable ;
  • Interdire la double peine « exclusivité puis redevance » : après avoir exclu le citoyen de l’accès ou de la réutilisation de données publiques jusqu’à potentiellement 2043 via un accord d’exclusivité, une administration pourra de nouveau le faire en instaurant une redevance à l’issue de ce délai. Dans le cadre d’un accord d’exclusivité, l’administration délègue la production des données à un tiers en échange d’un droit exclusif d’exploitation. La production des données ayant déjà été financée, l’administration ne devrait pas être autorisée à faire payer, a fortiori, pour des données qu’elle n’a pas elle-même produites mais qu’elle a obtenu en retour d’un avantage fourni à un acteur privé.

    Mise à jour 19/10/2015 : Cette proposition a été reprise et adoptée en hémicycle à l’Assemblée nationale.

Depuis quelques années, un mouvement de co-construction du contrôle parlementaire s’est opéré : aujourdhui une partie des vérifications de l’action du gouvernement est assurée par la société civile qui alerte bien souvent ses représentants sur des dysfonctionnements. L’Open Data va très certainement accélerer ce mouvement : Regards Citoyens a pu le démontrer avec ses études sur le redécoupage électoral, le lobbying ou les cadeaux et contrats faits des laboratoires pharmaceutiques aux médecins. Ne pas soumettre certains établissements publics ou délégataires de service public à l’Open Data revient donc à limiter les moyens du contrôle parlementaire.

En 1978, le Parlement ouvrait, en rupture avec la confidentialité caractéristique de la culture administrative française, le droit de toute personne à l’information en ce qui concerne les documents administratifs : les parlementaires ont ici l’occasion d’être moteurs de l’innovation et d’imposer à nouveau l’ouverture et la transparence. Plutôt que d’attendre les projets de loi numérique touche-à-tout, patchworks de dispositions sans rapport, et toujours pas inscrits au calendrier parlementaire, Regards Citoyens appelle les parlementaires à saisir l’opportunité du projet de loi « Données publiques » pour imposer au Gouvernement une politique véritablement ambitieuse en matière d’Open Data français.

lundi 20 juillet 2015

Ne boudons pas notre plaisir : le « plan d’action national pour une action publique transparente et collaborative », présenté par le président le 16 juillet, contient parmi ses plus de 200 mesures individuelles, plusieurs engagements très positifs, même si beaucoup d’entre eux étaient déjà actés ou dans les tuyaux législatifs. On trouve ainsi notamment une plus grande transparence des collectivités territoriales (publication systématique des délibérations des comptes-rendus des conseils municipaux, meilleure publication de leurs comptes…), des plans d’ouverture de données (permis de construire, marchés publics ou aide publique au développement), la formation des agents publics aux bonnes pratiques Open Data, le lancement d’un « FixMyStreet » national, une plus grande transparence financière des entreprises, ou encore l’implication des citoyens dans la mise en œuvre de ce plan via des outils collaboratifs libres. La publication simultanée par l’Assemblée nationale d’un plan similaire relatif au Parlement (annonçant la suite de son programme Open Data, déjà bien engagé, et de futures initiatives prometteuses de collaborations avec les citoyens) est également un signe positif et encourageant de bon dialogue institutionnel.

Malheureusement, l’impressionnante compilation d’engagements sur des thèmes aussi variés que l’Open Data, la transparence, la formation publique, l’environnement ou la co-construction des décisions publiques semble tirer dans tous les sens sans réellement engager concrètement le gouvernement. Au fil des propositions, le document se transforme en un plan de communication bien ficelé plutôt qu’en une liste d’engagements concrets et mesurables. Dans de nombreux cas, l’administration semble avoir repris la plume en veillant à réduire la portée des engagements ou en imposant des formulations floues : nombreux sont les objectifs visant à « encourager », « poursuivre » ou « accroître » des engagements parfois déjà pris et souvent difficilement mesurables. La co-construction présentée comme un élément central des engagements ne se décrète malheureusement pas : encore faut-il créer les conditions d’une participation active des citoyens.

Mais le plus inquiétant se lit dans les vides : des promesses phares du début du quinquennat ont totalement disparu. Le lobbying très agressif de la SNCF ou de l’IGN (*) semble avoir eu raison de l’Open Data pour les données géographiques ou celles de transports, promesses pourtant prises lors d’un G8. De même pour les engagements forts exprimés par le Président lors de la remise du rapport Nadal : aucune mention de la transparence du lobbying, rien sur les comptes des partis politiques ou sur la règlementation du pantouflage. La limitation de l’Open Data sur les déclarations d’intérêts, mesure phare votée lors de la loi pour la Transparence de la Vie Publique, est également inquiétante : les politiques qui ne souhaiteront pas voir leurs intérêts diffusés en Open Data pourront toujours envoyer leur déclaration par voie postale plutôt que de la déclarer en ligne.

Si l’Open Data est très présent via l’ouverture de jeux précis, le régime général de la donnée publique reste plutôt morne : la seule évolution proposée se borne au concept de « données d’intérêt général » déjà prévu pour la Loi Numérique. Comme SavoirsCom1 l’a pointé, ce gadget risque en réalité de créer un régime dérogatoire exceptionnel alors qu’il conviendrait plutôt d’élargir le cadre légal de la CADA aux services qui en sont présentement exclus (EPIC, EPA, entreprises publiques ou privées en charge d’une mission de service public).

Ce plan est également l’occasion de dresser un rapide bilan des dernières actions « Open » de l’État, de l’administrateur général des données (AGD) à la présidence de l’Open Government Partnership (OGP), en passant par les start-ups d’état, les données grises ou la prochaine fusion avec la direction interministérielle des systèmes d’information (DISIC) : à force de vouloir trop en faire, Etalab risque de négliger ses missions premières. En cédant sur les principes fondateurs de l’Open Data comme récemment avec les tristes exemples de la BAN ou des données de transport, Etalab laisse la bride au lobbying administatif qui ressurgit comme un vieux réflexe des débuts de l’ouverture en France. La mise en exergue de ce type de collaborations ratées au sein du plan d’action est des plus inquiétantes. Pour Regards Citoyens, il est temps qu’Etalab se recentre sur les actions concrètes simples et rapides au cœur de ses missions pour vraiment faire avancer la transparence et l’Open Data (voir nos 6 propositions concrètes ci-dessous).

Alors que la France va prendre la tête de l’Open Government Partnership, l’association Regards Citoyens voit dans ce plan une occasion manquée d’approfondir la vision de la France en matière de participation et de transparence. Beaucoup de nos critiques avaient pourtant déjà été formulées auprès des équipes en charge de préparer ce plan d’action : si la « concertation renouvelée » consiste encore et toujours à écouter sans jamais vraiment entendre, on reste en définitive plutôt loin d’une vraie politique Open Gov. Le Président de la République aurait pu exprimer l’importance de redonner du pouvoir aux citoyens sur son administration ainsi que sur nos représentants en s’engageant concrètement sur des résultats et non sur des promesses déjà prises, trop timides ou non mesurables.

*On notera d’ailleurs que l’IGN n’est pas inscrit au registre des représentants d’intérêts, bien que cet établissement public fasse appel à des cabinets de lobbying sur ces sujets

6 propositions simples et concrètes pour plus d’Open Gov

  • Lever l’insécurité juridique absurde limitant l’utilisation des données juridiques par la DILA à l’article 4 du décret 2002-1064 ;
  • Assurer un suivi et un accompagnement continu des producteurs de données sur data.gouv.fr en vue de contrôler, enrichir et nettoyer les jeux de données avant publication : alors que le RGI renouvelé vient consacrer les formats ouverts dans l’administration, il n’est pas normal que data.gouv.fr héberge toujours une majorité de données sous formats propriétaires ;
  • Mettre en œuvre une vraie politique de transparence et d’encadrement du lobbying en créant un registre obligatoire commun au gouvernement et au parlement, comme le demandent également Transparency International ou le plan du CNNum ;
  • Assurer la traçabilité de la décision publique : publier en accompagnement de chaque projet de loi, decret, circulaire ou arrêté la liste de personnes ayant participé à la rédaction ou aux réflexions ayant mené à l’écriture de la décision ;
  • Publier les bilans comptables détaillés des collectivités déjà rassemblées par Bercy plutôt que de demander aux grandes communes seulement de publier des infos sous des formes disparates ;
  • Assurer que les producteurs de modèles fermés de l’État comme la DGFIP pour les impôts ou Météo France pour le climat participent effectivement aux engagements qui les concernent directement.

Regards sur les 26 engagements du plan national

  • 1. Rendre des comptes
    • Engagement 1 : Permettre à tous de consulter, de comprendre et de réutiliser les données financières et les décisions des collectivités territoriales
      • Open Data pour les permis de construire
      • Aucune indication de forme pour la publication des délibérations et compte-rendus de conseils municipaux, risque d’obtenir des scans
      • Dommage de limiter l’ouverture des comptes aux données déjà en ligne sur collectivités-locales.gouv.fr au lieu d’élargir aux bilans détaillés rassemblés par la DGFIP
      • Promesse déjà votée dans NOTRe d’ouverture des données des collectivités de plus de 3500 habitants en réalité contreproductive : incomplet, données éparpillées et risque de formats disparates alors que ces données sont centralisées au niveau nationale et que la séparation des pouvoirs ne s’oppose ni à la collecte existente, ni à sa publication. (doublon engagement 15)
    • Engagement 2 : Accroître la transparence de la commande publique
      • Open Data pour les annonces de marchés publics (BOAMP) (déjà fait)
      • Clause Open Data dans les conditions d’obtention de marchés publics
      • Aucun engagement de réforme de l’article 133 régissant la publication des attributions : les tranches subsisteront opacifiant sérieusement l’information publiée
    • Engagement 3 : Accroître la transparence de l’aide publique au développement
      • Adoption du format standard IATI pour la publication Open Data des aides (déjà fait)
      • Réponse partielle aux critiques du mouvement OpenAid : publication dès le premier euro des dons aux ONGs, élargissement progressif à l’ensemble des pays
      • Pas de publication dès le premier euro prévue pour les dons aux pays mais seuil de 50 000 €
    • Engagement 4 : Ouvrir l’accès aux évaluations de politiques publiques et à leurs conclusions
      • Engagements flous : « Encourager », « Enrichir », « Améliorer »
    • Engagement 5 : Impliquer davantage les citoyens dans les travaux menés par la Cour des comptes
      • Création d’un système de doléances citoyennes
      • Ouverture de données issues des travaux de la Cour des Comptes (déjà initié)
      • Cadre des données à ouvrir non défini
    • Engagement 6 : Faciliter l’accès aux données relatives aux obligations de transparence des responsables publics
      • Création d’un système de télédéclaration pour les élus (déjà initié)
      • Pas d’obligation à employer l’outil de télédéclaration, risque de disjonction entre l’open data pour certains élus et le scan pour d’autres
    • Engagement 7 : Identifier les bénéficiaires effectifs des entités juridiques enregistrées en France pour lutter efficacement contre le blanchiment
      • Engagement flou : « fournir un accès largement ouvert » laissant la porte ouverte à des publications en fait très restreintes
    • Engagement 8 : Renforcer la transparence des paiements et revenus issus des industries extractives
    • Engagement 9 : Accroître la transparence sur les négociations commerciales internationales
      • Poursuite des efforts déjà engagés de transparence en amont des négociations commerciales

  • 2. Consulter, concerter, coproduire
    • Engagement 10 : Donner aux citoyens de nouveaux moyens de participer à la vie publique en les associant à l’identification de problèmes à résoudre
      • Lancement d’un FixMyStreet national
      • Calendrier peu clair (prototype fonctionnel prévu avant appel à projets) et risque d’enclosure (aucune référence aux nombreux outils libres existants pour ce type de projet)
    • Engagement 11 : Coproduire avec la société civile les registres clés de données essentielles à la société et à l’économie
      • Multiplier les collaborations avec la société civile, souhait louable en soit, mais sur le modèle érigé en exemple de la BAN, pour laquelle OSM a été mis de coté et l’administration a imposé ses licences non Open Data, c’est à proscrire
    • Engagement 12 : Poursuivre l’ouverture des ressources juridiques et la collaboration avec la société civile autour de l’élaboration de la loi
      • Aucune mention du prérequis attendu depuis juillet 2014 de levée de l’article 4 du décret 2002-1064 qui crée une grave insécurité juridique à la réutilisation des données juridiques de la DILA
      • Engagement flou : « Poursuivre les chantiers ouverts »
    • Engagement 13 : Capitaliser sur les consultations menées et rénover les dispositifs d’expression citoyenne
      • Enjeux clairement compris de comment impliquer effectivement le citoyen dans une démarche de co-construction collaborative
      • Aucune solution innovante proposée, simple reproduction du processus peu mobilisateur des ateliers citoyens mis en œuvre sur ce plan d’action
    • Engagement 14 : Renforcer la médiation et la capacité d’agir des citoyens en matière de justice
      Hors des thèmes de travail de Regards Citoyens

  • 3. Partager des ressources numériques
    • Engagement 15 : Renforcer la politique d’ouverture et de circulation des données
      • Inscription dans la loi de la gratuité par défaut pour les donnés publiques (réglementaire uniquement pour l’instant)
      • Principal levier d’action réduit aux « données d’intérêt général » (déjà initié pour la loi numérique), régime dérogatoires d’exception, au lieu de généraliser et lever les dérogations existantes
      • Engagement flou : « Poursuivre l’ouverture de données pivot » sans précision sur les données ou administrations concernées
      • Promesse déjà votée dans NOTRe d’ouverture des données des collectivités de plus de 3500 habitants en réalité contreproductive : données incompletes, éparses et risque de formats disparates (doublon engagement 1)
    • Engagement 16 : Favoriser l’ouverture des modèles de calcul et des simulateurs de l’État
      • Engagement flou : « Etendre », « Continuer », « Capitaliser »
    • Engagement 17 : Transformer les ressources technologiques de l’État en plateforme ouverte
      • Ouverture d’une forge logicielle pour les outils du service public
      • Engagements flous sur le développement d’identité numérique et d’API pour un État-plateforme
    • Engagement 18 : Mieux interagir avec l’usager et améliorer les services publics grâce à l’administration numérique
      • Engagement insuffisant, la publication de statistiques de trafic sur les sites des services publics ne répond pas ou peu à cet engagement
      • Liste d’actions déjà prévues ou en cours au sein du SGMAP ou de la DISIC
  • 4. Poursuivre l’ouverture de l’administration
    • Engagement 19 : Permettre l’engagement de la société civile en appui de l’École
      Hors des thèmes de travail de Regards Citoyens

    • Engagement 20 : Diversifier le recrutement au sein des institutions publiques
      Hors des thèmes de travail de Regards Citoyens

    • Engagement 21 : Diffuser la culture de l’ouverture, des données et du numérique
      • Engagement à former la fonction publique aux standards et principes de l’Open Data en collaboration avec la société civile
    • Engagement 22 : Diffuser l’innovation et approfondir la recherche sur le gouvernement ouvert
      • Engagement flou : « constituer un réseau », « faire du numérique un levier », « développer une plateforme web » trop imprécis pour insuffler une culture d’innovation
    • Engagement 23: Responsabiliser et protéger les agents publics en matière de prévention des conflits d’intérêts
      • Engagement positif mais déjà prévu pour la prochaine loi déontologie
      • Aucun encadrement du lobbying au sein des cabinets
      • Aucun encadrement du pantouflage

  • 5. Le gouvernement ouvert au service de la lutte contre le changement climatique et du développement durable
    • Engagement 24 : Associer la société civile à la Conférence COP21 et favoriser la transparence sur l’agenda et les négociations
      • Suivi plus que participation de la société civile à la conférence COP21
      • Engagement flou, une plateforme de consultation citoyenne « pourrait » voir le jour après la COP21
    • Engagement 25 : Mettre à disposition des données et des modèles relatifs au climat et au développement durable
      • Engagement flou : annonce de publication de jeux de données, de modèles et simulateurs climatiques sans aucune précision
      • Absence de Météo France très surprenante et décevante dans les institutions porteuses
    • Engagement 26 : Engager de nouvelles collaborations avec la société civile afin de développer des solutions innovantes pour répondre aux défis du climat et du développement durable
      • Poursuite d’évènements de type « hackaton » ou concours déjà largement pratiqués sur d’autres thématiques et initiés sur le climat
mardi 17 mars 2015
sunshine

Suite au scandale du médiator, les parlementaires et le ministre Bertrand étaient décidés : il fallait la « transparence totale » sur les liens d’intérêts entre laboratoires pharmaceutiques et médecins. Repas, congrès, cadeaux, contrats… tout serait rendu public afin de limiter ces relations troubles qui avaient tant coûté à des centaines de patients ainsi qu’à la collectivité.

Quatre ans plus tard, le lobbying de l’industrie pharmaceutique pour limiter l’impact de cette réforme a été très efficace : suite à une circulaire signée par Marisol Touraine, les contrats, liens les plus lucratifs pour les praticiens de santé, sont rendus publics mais sans mention des montants… Quant à la publication, tout est fait pour la contraindre : alors qu’elle a opté pour une large diffusion des noms des médecins lorsque cela arrange l’industrie (qualifiant cette publicité de « corollaire de l’obligation de transparence »), la CNIL a décidé que les relations d’intérêts entre laboratoires et praticiens de santé devaient être publiées de manière « confidentielle ». Elle a donc imposé le recours à des technologies, notamment de type captcha, pour empêcher l’indexation par les moteurs de recherche et plus généralement la réutilisation de ces données, pourtant voulues d’intérêt général par le législateur.

captcha
Un exemple de captcha sur
le site transparence santé

Outre un accès éclaté à une partie des déclarations sur les sites respectifs des laboratoires et ceux des Ordres, le ministère a finalement ouvert un portail unique permettant à l’industrie de déclarer ses dépenses et aux citoyens de consulter les cadeaux et contrats. Mais ce site se revèle de piètre qualité et les données présentées y sont incomplètes. On n’y retrouve pas les informations publiées par les Ordres, le site est très lent, la navigation fastidieuse et des fonctionnalités ont petit à petit disparu : alors qu’il était possible de rechercher les praticiens par code postal uniquement ou d’avoir la liste de tous les laboratoires concernés, ces fonctionnalités ont récemment disparu. La Direction Générale de la Santé a même fait pression sur un citoyen pour qu’il cesse de travailler sur les données Sunshine.

Nous republions donc aujourd’hui 2 780 553 cadeaux et contrats liant l’industrie pharmaceutique à des médecins, pharmaciens, dentistes, infirmiers ou sages-femmes entre janvier 2012 et juin 2014. Même si nous contestons l’analyse de la CNIL, nous nous sommes pliés à sa décision et avons anonymisé l’intégralité de ces données : il restera donc impossible de faire la lumière sur les nombreux médecins qui touchent des dizaines de milliers d’euros de cadeaux et signent des dizaines de contrats avec l’industrie pharmaceutique, ou de leur permettre de s’en expliquer.

Afin d’offrir une première exploration de ces données, nous avons également développé quelques premières visualisations. Au vu de la richesse de ces informations, de nombreuses autres réutilisations sont imaginables et devraient permettre de mieux comprendre les impacts de ces liens d’intérêts sur le système de santé français. En republiant le tout en Open Data, nous invitons donc chercheurs, décideurs publics, journalistes, informaticiens et citoyens à s’approprier cette base de données. Alors que les parlementaires commencent cette semaine l’examen de la loi Santé, nous leur suggérons d’imposer clairement au Ministère et aux laboratoires de rendre publiques en Open Data les données collectées afin que toute la transparence soit faite sur les cadeaux et les contrats de l’industrie pharmaceutique.

Explorer et télécharger les données
des cadeaux et contrats de l’industrie pharmaceutique

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